Des villes, parfois…

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Des villes, devil, la beauté du diable...
Les villes visitées ici sont Paris, Metz, Prague, Karlovy Vary, Les Sables d’Olonne, Autun, Amiens, Guérande, Bruxelles, Ostende et Clermont-Ferrand.


Des villes,
recouvertes par un ciel
emprisonnant fumées et rêves
sous sa chape de béton,
ou serties de montagnes
telles des pierres dans un écrin,
ou encore encloses,
larges fleurs aux nervures de rues,
offertes à la mer.

Des villes,
angéliques ou démoniaques,
apparitions légères à l’angle du voyage,
ou pesantes architectures
proposant au bourlingueur
le pacte fallacieux de leurs mondes artificiels.

Des villes
qui dessinent en vous
un espace où vous pourriez vivre
et, peut-être, mourir,
d’autres que l’on a envie de fuir
comme si brûlaient encore sur leurs places
les grands bûchers pestilentiels.

Des villes qui vous suivent,
d’autres que l’on oublie…

 

PARIS

Musée Rodin

"Excentré, un poupon solitaire ;
la création est affaire de marges."

"Le penseur pense.
Que pourrait-il faire d’autre,
condamné à penser
entre les Invalides et la Tour Eiffel ?"

Deux autres penseurs, un visiteur anonyme et l’auteur !

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METZ

"En ce lieu naquit un certain Paul Verlaine.
Les piétons, les souvenirs et les poètes passent.
On entend la musique d’un manège."

Arbre assoiffé.

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PRAGUE

"Certains chars sont invisibles."

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KARLOVY VARY

"Des galeries aux dentelles de bois blanc
où passent des fantômes en crinoline
venus prendre les eaux."

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LES SABLES D’OLONNE

"La mer,
montagne horizontale."

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AUTUN

"Cette ville semble douce.
Son kiosque à musique
où les amoureux de Peynet s’embrassent,
pudiques."

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AMIENS

"La guerre,
immense gomme à mémoire,
a déchiré les vitraux d’une cathédrale
devenue trop lumineuse,
mais élargi les voies."

L’ange en pleurs.

Musée Jules Verne

Une programmation du Cirque Jules Verne !

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GUÉRANDE

"Par un étier creusé
à l’intérieur du langage,
s’écoule la saumure
recelant le poème à venir."

"Un lapin blond vénitien
caracole sur le sentier des douaniers,
lapin des mers,
cul blanc couleur d’écume."

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BRUXELLES

"Bruxelles
qui dit le Nord
à moi, fille du Sud."

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OSTENDE

"Et moi, fille du Sud,
j’adopte ce Nord couleur de perle
où m’attendaient,
battus par un vent de force 5,
un phare et une jetée blanche."

Au Musée Ensor.

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CLERMONT-FERRAND

"Nuit outremer,
zébrée par les néons.
La Grande Ourse poursuit
sa longue marche,
fourrure poudrée d’une pollution jaune."

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ARTICLES DE PRESSE ET WEB :

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 "Le Transfo", Art et culture en région Auvergne :
Rubrique "C’est à lire" :

Dupuy-Dunier Chantal : "Des villes, parfois… "

Parmi les 11 villes françaises et étrangères auxquelles Chantal Dupuy-Dunier rend hommage, il y a sa ville d’adoption dans laquelle :

« Un pigeon s’est posé
sur le chapeau du Maréchal
Il a échappé à la glu
étalée sur les rambardes,
aux réseaux d’aiguilles
fichées en bordure des toits,
et à l’arrêté municipal
du 19 avril 2004. »

Mais de quelle ville s’agit-il ? à découvrir dans ce dernier petit opus.

(Collection La Main des Poètes)
68 p. – ISBN 978-2-36469-074-5 – 8 €
http://www.editionshenry.com

 Dans "Terres de femmes", numéro de novembre, à la rubrique "Poésie d’un jour",
Angèle Paoli cite :

"AMIENS

La guerre,
immense gomme à mémoire,
a déchiré
les vitraux d’une cathédrale
devenue trop lumineuse,
mais élargi les voies.

Ville de veines et de poumons.

Le ciel fait écho à la cathédrale claire,
porche saturé de statues
et de fresques.
Feuilles et fleurs sculptées
poussent sur les piliers,
tressent une pacifique guirlande
tout autour de l’église.

L’ange en pleurs,
la main posée sur un crâne,
verse des larmes
sur ceux qui vont mourir à la guerre
tandis que Salomé danse
en réclamant la tête de Jean-Baptiste.

Le cirque Jules Verne bat,
comme un cœur d’enfant,
au milieu de la ville.

La maison de l’écrivain

élance sa tour vers la lune.

Au loin, dans la baie de Somme,
un poulpe géant nage
près du Nautilus.

Les petites maisons amiénoises
aux briques flammées
serties entre des colombages,
de bric et de broc,
suivent la pente des rues
menant aux hortillonnages.

D’étroits canaux
aquatiques dessinent
un damier entre
les jardins flottants.

Lilas
blancs
en cascades,
saules à l’air gai,
régiments d’iris d’eau
escortent notre barque.
Un héron au cou de ballerine
et une troupe de canards
nous regardent passer.

L’herbe et l’eau possèdent
des reflets musicaux
sous les ombrages.

En bordure de Somme,
bateaux et guinguettes se balancent
du même mouvement joyeux."

Chantal Dupuy-Dunier, Des villes, parfois…, Éditions Henry, Collection La main aux poètes, 2014, pp. 40-41-42-43-44. Vignette de couverture Isabelle Clément.

 Note de lecture de Jacqueline PERSINI pour "Poésie Première" :
Chantal Dupuy-Dunier, "Des villes parfois", éditions Henry, La main aux poètes, 2014, 8E

« La création est affaire de marge ». En présence de tant de portables, de téléphones, de tout ce béton, est-il possible de trouver son encre dans les villes ?
Chantal Dupuy-Dunier y parvient de Paris à Clermont-Ferrand, de Metz à Ostende, de Bruxelles à Guérande, et d’autres lieux encore. Chaque endroit est dépositaire de l’Histoire et d’histoires. Ne pas se laisser prendre par le visible des villes « putains », ne pas oublier à Prague ou ailleurs la folie et la barbarie des hommes. Inguérissables ces villes sont pourtant ouvertes à quelques recommencements. Dévoiler « l’écriture cunéiforme de la mort » mais aussi celle plus discrète, insistante des mots d’amour. La langue sobre, sombre de l’auteur capte néanmoins la moindre sensualité des choses soumises aux ravages du temps. Dans « les marais de la syntaxe », surgit une phrase comme une jetée blanche. Et dans cette vie qui « possède / la mobilité d’un paquebot/ toujours ce goût de chant d’oiseau » si précieux chez la poétesse.

 Article de François Graveline dans "La Montagne" du 19/12/2014 :



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