Deux interviews originales par Philippe Poisson et Jean-Paul Gavard-Perret

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PORTRAIT : Bienvenue Chantal sur le très prisé et discret Culture et justice :

"L’exercice du portrait commence en général par « Je suis né(e) à…

Or ce Je proviens d’une histoire familiale préexistante ; il est une ramille d’un arbre généalogique, le mélange de plusieurs terres d’origine et le produit d’un vaste inconscient collectif.

J’ai été conçue, au milieu du siècle dernier, un soir de carnaval à Aix-en-Provence, par un jeune étudiant des « Arts et métiers » et une lycéenne qui allait passer son baccalauréat. Ma mère avait coutume de dire que j’avais eu deux fois le bac, une fois dans son ventre et plus tard de façon autonome, bac littéraire dans les deux cas. Elle venait d’une modeste famille paysanne bourguignonne, d’une terre brune et lourde qui convient aux vignes. Mon père était né à Bonnieux dans une ferme sans eau courante et au confort rudimentaire. Sur cette terre ocre du Midi poussaient aussi des vignes, dont le vin est moins côté que les grands Bourgognes, mais qui ne démérite pas cependant.

J’ai manifesté, dès mon arrivée dans ce monde, des penchants criminels et cannibales. Ma mère faillit mourir en couches d’une grave hémorragie. Elle prenait plaisir à raconter comment le docteur et mon père l’avait sauvée grâce à des transfusions de sang « en direct », leurs groupes sanguins étant compatibles avec le sien : « Le docteur a planté l’aiguille dans son bras et dans celui de ton père ». On avait trouvé à mes côtés un petit amas de poils, ce qui s’est traduit dans le fantasme maternel par : « Ma grosse Chantal a mangé l’autre », un supposé jumeau, de sexe masculin, qu’elle aurait prénommé Christian (« Prenez et mangez, ceci est mon corps… », le prénom pressenti m’incitait à la consommation de mon frère) si je ne l’avais dévoré in utero. N’ayant jamais eu l’occasion de faire naufrage, je n’ai goûté pour l’instant à aucun de mes congénères, et, bien qu’ayant parfois l’envie d’en tuer certains, je n’ai jamais cédé à la tentation, pas pour obéir aux commandements de Dieu, auquel je ne crois pas, mais par peur, je l’avoue, d’une lourde peine de prison. Denis Langlois, mon mari, qui a passé sept mois à Fresnes dans sa jeunesse, bien avant notre rencontre, en conserve, lui, un souvenir ému. Il n’a tué personne, mais était détenu pour insoumission au service militaire : « Je menais un combat. Et c’est là que j’ai écrit mon premier livre. »

Mais revenons au nouveau-né affamé que je fus. C’est en Arles que se passa ma dramatique naissance, « Dans Arles où sont les Alyscamps, quand l’ombre est rouge, sous les roses… » (Paul-Jean Toulet). Il n’y avait sans doute plus de rosier fleuri fin novembre, cependant mes premières promenades dans le landau anglais poussé par ma grand-mère (ma mère avait dû rester quelque temps hospitalisée), eurent lieu aux Alyscamps au milieu des tombeaux. La clinique, qui s’appelait « Le Nid », est devenue l’ « Hôtel du Cloître », haut lieu de pèlerinage pour de nombreux adultes ayant poussé là leur premier cri. J’en ai fait un à l’âge de quinze ans. L’hôtel était tenu par l’ancienne sage-femme. Elle ne m’a pas reconnue.

Si je vous raconte mon enfance, vous croirez que je l’ai inventée à la manière d’un roman. Mon père, devenu ingénieur, n’eut que le temps de bâtir un simple portique dans une cour d’école arlésienne avant de trouver un poste à Unieux dans une usine qui fabriquait des aimants. Nous étions logés dans les anciennes écuries du château où habitait le directeur. Le logement était des plus sommaires, mais situé au milieu d’un vaste parc, terrain de jeux idéal : un château, une ferme, des prés, des bois. Depuis, j’ai toujours recherché la proximité d’un parc. Il y en a un petit en face de notre appartement, avec des frênes, un figuier, des érables, des pins, des oiseaux, des écureuils et une petite rivière.

Ne voulant pas être cataloguée comme fille d’ingénieur ayant un statut différent, je demandais à rester à l’étude avec les enfants d’ouvriers dont les mères venaient les chercher à la sortie du travail. A l’âge de huit ans, ce fut ma première contribution à la lutte des classes.

Il fallut, hélas, quitter ce lieu pour Puy-Guillaume et sa verrerie. Villa de fonction, avec jardin et jardinier. Dans ce contexte, il allait être plus difficile d’affirmer ma solidarité de classes. Le hasard ou le destin (à votre choix) s’en mêla. Mon père, né un 21 janvier, perdit la tête à l’image du roi Louis XVI. Depuis des mois déjà, il était sujet à d’importantes variations d’humeur et à des interprétations délirantes. Un psychiatre diagnostiqua une « psychose maniaco-dépressive » (de nos jours, on parle de « troubles bipolaires », peu importe l’étiquette, seule compte la souffrance). Il dut arrêter son travail à l’usine et être hospitalisé à Lyon. Je ne l’ai pas revu pendant trois ans. Chaque semaine, je lui écrivais une lettre qui demeurait sans réponse. Il m’a dit plus tard qu’ « il avait honte ». C’est sûrement pour cela que j’écris à des lecteurs des équivalents de lettres sans réponse, poèmes ou récemment roman.

Il fallut quitter la villa de fonction et le village. Nous nous retrouvâmes à Vichy dans un petit appartement, où je partageais une chambre avec ma sœur et mes frères. Mais l’immeuble était proche des parcs. Ma mère, femme volontaire, apprit à conduire et trouva un emploi de surveillante dans le « lycée des Célestins » où je faisais mes études, ce qui ne présentait aucun avantage pour moi, les professeurs la tenant directement au courant du moindre écart que je faisais. C’était avant 68 et un petit manquement au règlement de l’établissement donnait lieu à des punitions exagérées. Je prenais la défense de mes camarades quand elles me semblaient injustement punies, ce qui me valut de l’être aussi et de me voir conseiller la profession d’avocate. Je n’ai pas suivi le conseil, mais suis devenue par la suite déléguée syndicale et ai pratiqué le droit du travail pour la défense des salariés.

J’ai exercé pendant quarante ans la profession de psychologue dans le grand hôpital psychiatrique de Clermont-Ferrand. Symboliquement je soignais mon père… Séparé de ma mère, il était d’abord retourné vivre dans le Midi auprès de ma grand-mère. Grâce à un nouveau traitement par le lithium, il a pu vivre de façon dite « normale », avec une compagne. Depuis six ans, il repose dans le beau cimetière de Bonnieux, sous les cèdres.

À l’école primaire, dès le cours préparatoire, j’avais découvert la poésie, cette langue différente du langage prosaïque ordinaire, qui faisait de la musique avec les mots. Il y avait Hugo, Musset, Leconte de Lisle et tant d’autres. Un véritable coup de foudre. Ce qui m’a sans doute permis d’affronter le chaos familial de mon enfance. Je serais poète. Je m’essayais à écrire. Cela ne valait pas grand-chose, mais il faut un début à tout. Au lycée, je découvrais d’autres poètes dont, à mes yeux, le plus grand : Baudelaire. Si quelqu’un avait pu écrire « Une charogne », cela signifiait que la poésie avait le pouvoir de tout dire et moi, j’avais justement tant à exprimer.

Par contre, on ne m’avait enseigné que la poésie classique. C’est plus tard que j’ai lu nombre de poètes contemporains, découvert les vers libres et commencé à être publiée. Mon premier recueil, paru à « La Bartavelle », s’appelait « La Contrebandière des Sorgues, ou la mémoire de l’eau ». Il y en a eu une trentaine depuis. En 2000, « Initiales » (Voix d’encre éd.) m’a valu le Prix Artaud. J’ai publié deux gros ouvrages dans la collection poésie des éditions Flammarion : « Éphéméride », 366 poèmes, et « Mille grues de papier », inspiré par l’histoire de la petite japonaise Sadako Sasaki. J’ai eu différents éditeurs. Actuellement, je travaille surtout avec Germain Roesz des « Lieux-Dits » et Jean Le Boël des éditions Henry. Mes derniers recueils publiés chez ce dernier sont « C’est où Poezi ? », « Ferroviaires » et « Les Compagnons du radeau », ou l’humanité entière embarquée sur le même esquif.

Les thèmes majeurs se retrouvent dans ma poésie : l’amour, la nature, la vie, la mort. Invitée au Sénégal, on m’avait surnommée « la poétesse du grand sommeil ». Ma vie n’a jamais été un long fleuve tranquille. La poésie m’a toujours aidée à en suivre le cours tumultueux. Pendant onze ans, moi qui étais une citadine, je me suis retrouvée à vivre à Cronce, presque un hameau, dans la demi-montagne auvergnate, au fin fond de la Haute-Loire, pour y rejoindre Denis, qui s’y était installé. Nous avons vécu dans une vieille ferme loin des divertissements et de la société de consommation. Une vraie résidence d’écriture. Cronce a pris une place très importante dans mes écrits. De réelle, Cronce est devenue pour moi mythique. Il y a eu « Creusement de Cronce » (Voix d’encre), « Pluie et neige sur Cronce Miracle » (Les Lieux-Dits). Un troisième recueil viendra clore le triptyque en juin 2022 : « Cronce en corps ». Ces trois ouvrages, comme d’autres, sont accompagnés par des œuvres de mon amie, l’artiste Michèle Dadolle. Je parle aussi de Cronce dans « Éphéméride » (Flammarion), « Des ailes » (Voix d’encre), « Un n’oiseau, des z’oiseaux » (Motus). On peut lire la présentation de tous mes livres publiés, des extraits, des chroniques, écouter des lectures publiques sur ce site :

Cronce ne pouvait que faire retour dans mon premier roman « La langue du pic vert » (éd. La Déviation), paru en août 2021. Au lycée, chaque jeudi (jour de repos des écoliers dans ce temps lointain) j’investissais mon argent de poche dans un roman, de poche lui aussi. J’avais résolu de lire tous ceux du catalogue en procédant par ordre alphabétique, ce qui explique que, si j’ai lu Marcel Aymé et presque tout Camus, j’ai des lacunes concernant Zola, n’étant pas parvenue au bout de l’entreprise. Semaine après semaine, je découvrais des univers différents, des écritures envoûtantes. Bien sûr, j’ai lu depuis d’autres écrivains de la fin de l’alphabet ou qui ne sont pas publiés « en poche ». J’aime George Sand, Maupassant, Colette, Flaubert… J’ai lu « Madame Bovary » en cachette dans le grenier de ma grand-mère à l’âge de onze ans. L’aspect défendu de cette lecture exerçait un attrait sur moi. J’ai découvert avec admiration Yves Navarre, Gabrielle Wittkop, Romain Garry et tant d’autres.

Pourquoi écrire un roman ? Je ne pouvais traiter le sujet qui me l’a inspiré par l’écriture poétique. J’avais entendu le guide de la Maison des oiseaux de Lavoûte-Chilhac prononcer cette phrase sidérante : « Le pic vert enroule sa langue autour de son cerveau pour le protéger contre les trépidations quand il fore les arbres ». Ainsi est née l’histoire de Sylvain Breuil, celle d’une folie, qui, pour lui, est une quête vitale. Il y a la mère, morte en couches, le père atteint d’Alzheimer, l’oncle Roger et la tante Irène, Stanislav, l’ami arménien fidèle, une jeune fille « aux yeux de pluie », un apnéiste, un précis d’ornithologie, des ouvrages sur l’ésotérisme hindou, un cendrier-grenouille, un boulier chinois, une petite ville du Sud, un petit village d’Auvergne, une grue de chantier et un pic vert, des pics verts… Sylvain pense pouvoir s’approprier la protection de l’oiseau afin de se prémunir contre les agressions de la vie, les maladies et la mort. Le jeune homme est fasciné et obsédé par les pics verts. Il fragmente ses phrases pour adopter un rythme similaire à leur martelage.

Toute ma vie, j’ai côtoyé la folie, celle de mon père, celle de mes patients. Pour moi, elle était une autre norme, mon quotidien. Rien d’étonnant à qu’elle se retrouve au centre de ce premier roman, plein d’autoréférences dissimulées ou pas (ma naissance, mon père, les grues, Cronce…) J’ai eu envie que le lecteur puisse aimer Sylvain comme il est, s’attacher à lui malgré sa différence.

On peut également voir dans ce livre une grande allégorie de la poésie, qui amortit, grâce à sa langue singulière et rythmée, les chocs de la vie et permet au poète comme au lecteur d’entrevoir un idéal."

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Relecture et mise en page Ph.P et S.P.
https://portrait-culture-justice.com/

Par JEAN-PAUL GAVARD-PERRET, cette chronique parue le 11 juillet sur lelitteraire.com

Chantal Dupuy-Dunier, La langue du pic vert (Rentrée littéraire 2021)

http://www.lelitteraire.com/?p=72406&fbclid=IwAR1hspkcH69ibN-WX9_qRltmbWeRB4y1pFHlBFEhzLxAZxcxn7cfqb5pP98

Etre

C’est à par­tir d’une phrase d’un guide de musée : “Le pic vert enroule sa langue autour de son cer­veau pour la pro­té­ger contre les tré­pi­da­tions quand il fore” que Chan­tal Dupuy-Dunier a trouvé son illu­mi­na­tion pour ce roman.
Il devient le point de départ d’une recherche de l’invulnérabilité et de l’immortalité.

Tout pour­tant n’est pas simple dans ce qui se veut un rêve qui appelle d’autres folies au sein de celles des hommes, ces “oiseaux de pas­sage” selon la for­mule de Sha­kes­peare que l’auteur cite en inci­pit.
A par­tir de là, tout un monde baroque s’anime entre des parents dis­pa­rus d’une manière ou d’une autre, une jeune femme “aux yeux de pluie”, un cen­drier gre­nouille que l’on trou­vait sou­vent jadis dans les bars, un vil­lage d’Auvergne et bien d’autres élé­ments sans oublier les pics verts.

Ce livre sai­sit par son mys­tère et sa langue qui se veut accom­plis­se­ment d’une chan­son de geste sal­va­trice là où l’extérieur et l’intérieur se mêlent en un conglo­mé­rat qui n’a rien de pâteux mais qui, à l’inverse, trans­forme le roman en une bonne folie répa­ra­trice et sur­réa­liste d’un héros (Syl­vain Breuil) pris de ver­tige.
Par sa tech­nique et son ima­gi­naire, la roman­cière (et poète) ne cesse de jouer sur les varia­tions des agen­ce­ments qui per­mettent par­fois le dépla­ce­ment de la fic­tion à tra­vers ses acci­dents de parcours.

Tout pour elle devient le moyen de par­tir du monde et du moi afin de fon­der un lan­gage obs­tiné dans des formes qui touchent sou­vent à un épique et un lyrisme par­ti­cu­liers plein d’humour au second degré.

Jean-Paul Gavard-Perret

Chan­tal Dupuy-Dunier, La langue du pic vert, édi­tions La dévia­tion, 2021, 288 p. — 20,00 €.

BY JEAN-PAUL 2 | 15 JUILLET 2021 · 8 H 50 MIN↓ Jump to Comments
Assurance sur la vie : entretien avec Chantal Dupuy-Dunier (La déviation)

Assu­rance sur la vie

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La satis­fac­tion de consta­ter que je ne suis pas morte pen­dant la nuit. Cette pen­sée est suf­fi­sam­ment motrice pour que je pose un pied par terre, puis deux, en me disant qu’il ne faut pas trop perdre de temps pour pro­fi­ter de la journée.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Cer­tains se sont réa­li­sés, comme deve­nir écri­vaine. D’autres non bien sûr, la vie n’est pas tou­jours un long fleuve tranquille.

A quoi avez-vous renoncé ?
Au long fleuve tranquille.

D’où venez-vous ?
Je suis née en Arles. Cela per­met d’entendre « néant » dès le départ, il n’y a aucune trom­pe­rie sur l’issue de l’aventure !

Qu’avez-vous reçu en “héri­tage” ?
La somme des écrits qui m’ont pré­cé­dée dans toutes les civi­li­sa­tions. L’héritage cultu­rel immense, fas­ci­nant, accu­mulé dans tous les pays pen­dant les siècles passés.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Un carré de bon cho­co­lat noir.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres écri­vains ?
Peut-être publier un pre­mier roman à 71 ans, après une tren­taine d’ouvrages de poésie.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Celle de mon pre­mier chat, Bayard, tué d’un coup de fusil pour avoir attrapé des colombes dans une volière.

Et votre pre­mière lec­ture ?
Mon pre­mier livre sans images : « L’histoire d’une toute petite fille » Elle s’appelait Mili-Mali-Malou. Avant, il y avait eu des albums du Père Cas­tor et des contes.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Je n’en écoute pas autant que je le vou­drais, prise sur­tout par l’écriture et la lec­ture. J’aime des choses très diverses : du jazz, les chan­sons à texte (Bras­sens, Gui­doni, Bar­bara, Brel, Juliette…), les vieilles chan­sons fran­çaises, des chants révo­lu­tion­naires, etc.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
« La Peste » de Camus. Cela n’a rien à voir avec l’actuelle pan­dé­mie ; je le relis envi­ron tous les dix ans.

Quel film vous fait pleu­rer ?
« La Strada » de Fel­lini, en par­ti­cu­lier. Giu­lietta Masina est si émou­vante, Anthony Quinn a une telle présence.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Il paraît que c’est moi.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
En règle géné­rale, j’ose toujours.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Cronce, un minus­cule vil­lage de la Haute-Loire où j’ai vécu pen­dant onze ans avec mon mari, écri­vain lui aussi. Ce lieu réel est devenu mythique pour nous. Il m’a déjà ins­piré deux recueils de poé­sie « Creu­se­ment de Cronce » (Voix d’encre) et « Pluie et neige sur Cronce Miracle »(Les Lieux-Dits). La tri­lo­gie sera close avec « Cronce en corps ». Il appa­raît éga­le­ment dans « Éphé­mé­ride » (Flam­ma­rion). Il tient aussi une place impor­tante dans « La langue du pic vert », mon pre­mier roman (La Dévia­tion).

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Sur­tout des poètes, clas­siques et contem­po­rains. Je lis essen­tiel­le­ment de la poé­sie : Bau­de­laire, Roger Gilbert-Lecomte, Renée Vivien, Gabrielle Althen et tant d’autres que j’admire. Mais j’aime aussi, sans oser dire que je me sens proche d’eux car ils ont à mes yeux un talent inat­tei­gnable : des roman­ciers comme Her­man Mel­ville, Romain Gary, Yves Navarre, Patrick Süs­kind, Gabriel Gar­cia Már­quez, Colette, Gabrielle Witt­kop.
Mes peintres pré­fé­rés, très dif­fé­rents : Van Gogh et Dali.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Un petit séjour dans une auberge de cam­pagne ou de mon­tagne, un bal­lo­tin de très bons cho­co­lats noirs et un bou­quet de roses jaunes.

Que défendez-vous ?
La jus­tice sociale, les Droits de l’homme, la paix.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas” ?
À dire vrai : pas grand-chose. J’ai une maî­trise de psy­cho­lo­gie et ai fait une psy­cha­na­lyse, mais Lacan est resté obs­cur pour moi. Je pré­fère Freud, à l’écriture si vivante.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
J’adore ! Le genre de phrase que j’aurais aimé écrire.

Et si le cœur vous en dit celle de Via­latte : “L’homme n’est que pous­sière c’est dire l’importance du plu­meau” ?
J’adore aussi ! Et Via­latte en Auvergne, où j’habite, est, à juste titre, aussi impor­tant que le plu­meau.
J’aime l’humour décalé, l’humour à tous les degrés, l’humour noir, l’autodérision. Pour moi, c’est une phi­lo­so­phie. Je ne conçois pas une vie sans humour, sans rire. C’est ce qui per­met à l’homme de prendre la dis­tance néces­saire, sal­va­trice, avec tout ce qui ne va pas dans son existence.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Êtes-vous vaccinée ?

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par Jean-Paul Gavard-Perret pour lelitteraire.com, le 14 juillet 2021. http://www.lelitteraire.com/



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