Celle

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L’un des thèmes récurrents de l’œuvre de
Chantal Dupuy-Dunier est la mort. L’auteur n’a pourtant ni le tempérament dépressif ni le goût du macabre.
Pour elle, la mort fait partie intégrante de la vie. Elle le sait depuis la petite enfance, depuis que son chat Bayard a été abattu d’un coup de fusil pour avoir dérobé des colombes dans une
volière.
Elle ne fuit pas cette réalité qui rassemble tout
le vivant à l’intérieur d’un immense cycle biologique, mais l’affronte par l’écriture avec émotion dans Initiales ou ironie, insolence même, dans Où qu’on va après ?
Avec Celle, Chantal Dupuy-Dunier se positionne encore différemment. Elle fait parler la mort,
ou plutôt elle l’écoute parler et retranscrit ses
paroles. La mort est la locutrice, la révélatrice
du vrai langage, le poète suprême.

"Celle" est un recueil paru aux éditions de l’Arbre à paroles.

PRESSE :

 Francis Chenot, Revue "L’Arbre à paroles" :

Chantal Dupuy-Dunier réside aujourd’hui à Clermont-Ferrand, après dix années à Cronce, petit village de la Haute-Loire. Dans la montagne et son silence qui permettent de prendre de la distance, non seulement vis-à-vis de l’agitation du monde mais à l’égard des grandes préoccupations humaines. La mort, par exemple, jamais nommée dans ce recueil. Simplement
Celle
qui scellera,
par qui les bouches seront closes,
la seule à permettre la continuité du langage.

L’innomée, l’innommable, Celle qui prend ici la parole :
Vers moi
montent les requiem et les poèmes,
au large de tout imaginaire.

Au commencement était Celle... qui aura toujours le mot de la fin.

 Jacques Morin, Revue "Décharge" numéro 155 :

 Claude Vercey : I.D n° 407 : "L’autre côté du bleu"
mercredi 8 août 2012 [09:20:13]

Où qu’on va après ? A cette légitime inquiétude, Chantal Dupuy-Dunier a répondu naguère par une plaquette, recueillie dans la collection du Farfadet bleu : Une façon originale, sincère et poétique de parler aux enfants de la mort, résumait une lectrice. Son nouveau livre : "Celle", à L’Arbre à paroles, revient sur la question, et "Où qu’on va après ? " apparaît davantage désormais comme une esquisse exploratoire, une première tentative d’apprivoisement de cette même réalité, banale autant qu’inéluctable, de celle par qui nos bouches seront closes. Chantal Dupuy-Dunier l’affronte cette fois sans détour, sans l’esquive de l’humour ; elle va la saisir dans toutes ses dimensions, méthodiquement, selon un processus mis au point dans des livres précédents (d’"Initiales" au "Creusement de Cronce"), et qui vise à l’épuisement du thème.
L’habileté de l’auteur est de s’effacer complètement derrière son sujet en lui laissant la parole : ici la mort parle, despotique et omniprésente puisqu’elle donne au livre son titre, qu’elle en est la dédicataire, qu’elle se fait poète à la place du poète. Se présentant comme une suite, chacun de ses poèmes s’ouvre par la formule simple et solennelle, un rien archaïque : "Elle dit". Ses arguments sont ainsi exposés sans frein, la mort y fait feu de tous ses charmes, jusqu’à promettre que la vraie poésie, ce bleu qui la résume,nous attend de l’autre côté :
vous qui balbutiez encore,
lorsque vos lèvres seront closes,
vous commencerez à parler.

Admettez la nuit qui vous rassemble, dira-elle encore. Tentatrice, enjôleuse - au goût néanmoins douteux : Vos fémurs seront beaux / bleuis comme des cieux  -, elle joue sur la corde bien connue selon laquelle en ce bas-monde tout est illusion alors qu’à l’opposé : JE suis réelle, affirme-t-elle. Pour moi, rien n’est factice, assure-t-elle plus loin.
Elle dit :
"Percevez-vous le réel caché au creux
du mirage ?
Cette ombre que vous n’aviez jamais
entrevue,
qui vous parle d’ailleurs
vous parle de l’immense
vous parle de moi.
Je réitère ma promesse du bleu (...)

Séductrice, la mort cependant ne saurait mentir : île implacable, elle doit se reconnaître comme une île bleue sans passage d’oiseaux ; et son charme a des limites :
Sur l’eau, flottent des fleurs coupées
parallèles à votre sillage
et de longs rats, le ventre en l’air.

Ni sirène, ni Lorelei. Si Chantal Dupuy-Dunier prête une voix à la mort, ce n’est pas pour élever un chant de mort, mais inventer un dispositif où méditer sans complaisance ni effroi. Le temps étant désormais au cœur de l’œuvre, avec Éphéméride comme principal repère, comment éviter d’aborder cette grande question ? Livre de sagesse en définitive,Celle ne perd pas de vue le naufrage final, mais l’orchestre joue sur le pont qui s’incline, il importe (éd. La porte – 2011) …

Repères : Chantal Dupuy-Dunier : "Celle" – l’Arbre à paroles éd. - 8€
"Où qu’on va après ? " – Coll. Le farfadet bleu – Cadex éd. - 9€
"Èphéméride" – Èd. Flammarion. I.D n° 169.
"Initiales", comme "Creusement de Cronce" ou "Saorge dans la cellule du poème" (voir I.D n° 254) sont aux éditions Voix d’Encre.

 Patrick Le Divenah, publié sur la revue en ligne « Texture » de Michel Baglin :

Cette prosopopée est sans doute l’un des chants les plus envoûtants qu’ait composés Chantal Dupuy-Dunier, même si, depuis 2012, ses autres créations s’inscrivent dans la ligne de cette exigence et de cette maîtrise.
Impossible, déjà, de ne pas être intrigué par l’énigme du titre, pronom qui appelle un complément de sens (celle qui…, celle que…). Par son habileté à manier la langue, à jouer avec la polysémie d’un mot ou la proximité sonore de paronymes et bien d’autres procédés encore, l’auteure pose, tels les cailloux du petit Poucet, des points de repère dont elle jalonne le chemin de notre découverte.
D’emblée, voici « Celle / qui scellera ». Elle se présente « sans faux-semblant / regard infini sous le front des ifs. » Un peu plus loin la présentation se confirme, la symbolique de l’orthographe venant à l’appui : « Je suis la 13e, / la voyelle originelle, / le souffle / et tout ce qui s’est tu (…) », nouvelles énigmes, serrure et clef à la fois, renvoyant à la piste de l’alphabet pour nous « signifier » le mot qu’on n’ose prononcer, le nom fatidique de quatre lettres. Chacune des pages suivantes renforce et affirme l’image de Celle à laquelle on ne peut échapper mais qui, sûre et fière de sa toute-puissance, se plaît à parer son discours sous les appas de la séduction, daignant s’offrir en réponse – la seule possible – à notre plus profond désir.
« Vos lèvres ont soif,
vos paumes se tendent,
presque transparentes.
Vous désirez enfin.
Et l’aube bleue s’ouvre face à votre désir. »

Alors, pour qui s’interrogerait encore sur l’identité de Celle dont « les calligraphes n’approchent (le nom) qu’avec déférence », l’une des toutes dernières pages évoque la graphie du mot interdit. Par ce procédé sibyllin, l’auteure fait appel à la symbolique de l’écriture cursive, iconographie aussi redoutable que la parole, pour évoquer celle qui dit « je suis le Nom. Un dessin rapide, continu, / tracé dans l’expir, / depuis les trois jambages jusqu’à la barre aérienne. »
Sur l’un des thèmes poétiques les plus fréquents, Chantal Dupuy-Dunier nous a offert un hymne totalement nouveau.

(Chantal Dupuy-Dunier : « Celle », éditions L’Arbre à paroles)

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Encre de Michèle Dadolle parue dans "Celle"

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Deux autres encres, projets de Michèle Dadolle pour "Celle"

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EXTRAIT

Elle dit :
Je suis la perpétuelle veille.
Dans mes palais,
aucune chambre, aucun lit.
Seul un berceau
pour vos apparitions successives
- Naître est extrême,
cela mérite quelque attention -

Journal La Montagne du 19 octobre 2013

Journal La Montagne

Lecture de "Celle" au Salon du livre francophone de Beyrouth

 Impressions de LECTURE
du recueil poétique
« Celle »
de Chantal Dupuy-Dunier
PAR RAMZI ABOU CHAQRA (universitaire libanais et poète) :

« Celle », que je ne peux me retenir de dire et de redire en arabe par son équivalent, démonstratif et relatif féminin, « [Tilkal]-Lati », est le recueil de l’ellipse par excellence, et il est dommage que l’éditeur ait, sur la quatrième de couverture, tiré au clair, ce dont le charme était dans un clair-obscur, tirant un charme mystérieux de ne point être nommé ! Car ce texte se fonde sur l’occultation de Celle au nom de qui l’on parle et s’adresse au lecteur tout au long du recueil. Ecriture fondée sur l’occultation de son sujet, ce recueil présente un domaine de choix au sémioticien, réfléchissant sur la présence/absence, sur le signifiant/signifié et le jeu de la référenciation.

Ce texte est fait de transparence ; il œuvre contre l’opacité qui lie les mots au sens des mots. Il s’ouvre sur une deixis où le cataphorique, pronom placé avant le nom qu’il représente, donne le ton. Ecriture souvent moins complexe que la lecture que nous en faisons, on ne peut se tromper sur « Celle », à moins que l’on ne cherche à se tromper soi-même sur soi-même, à entretenir les leurres / Le Leurre.
Seul le langage poétique admet que se substitue, complètement, au nom, en ce sens que le démonstratif devienne, substantivement, à part complète, substantif ouvrant sur un immense empire désigné par l’absence du signe, par le désir même de l’occulter.
« Celle » est dans son écriture substantielle l’écho de la vibration, après que le doigt a touché la corde tendue… Que de mondes dans cette parcelle d’instant !
L’exergue est de Baudelaire, ce qui ne peut que dessiner, dès le départ, au niveau de la sensibilité poétique de Chantal Dupuy, une mouvance, des choix, des réminiscences de lectures.
Ouverture sur une évocation du Beau, le vers cité de Baudelaire est le premier vers de son poème « La Beauté » dans « Les Fleurs du mal » et dédicace, en haut de page, dans une savante mise en écho, mise en abyme, à Celle !

"Celle qui scellera, par qui les bouches seront closes, la seule à permettre la continuité du langage. "
Italiques qui retrouvent des italiques, et elles seront uniques, tout au long du recueil, à la page 51 : "Celle qui déplace et dérange, éloigne la léthargie et la morosité."
Deux moments où justement Celle ne parle pas mais l’on parle d’elle !
« Celle qui scellera » comme ouverture est au niveau phonique, remarquablement poignante : toute la subversion est dans le passage de l’homophonique (Celle/ scellera) à valeur allitérative, au synonymique caché par l’absence du sujet, ici antécédent du pronom qui, puisque remplacé par un pronom. Affirmation qui ouvre sur le paradigme du point final, de la trajectoire au moment de la chute.
On ne peut qu’être attentif à cette inversion de l’ordre des choses, à cette ouverture par la fin, surtout si nous lisons le mot de la fin (page 69) : "Au commencement, était Celle".
Ainsi, la fin devient commencement, et le commencement devient fin… Et s’ouvre le cycle des cycles ! Enigme ? Peut-être ! Autant qu’était énigmatique la question que le Sphinx a posé à Œdipe sous les murs de Thèbes. Dialectique de l’ouverture et de la clôture qui nous met entre parenthèses, ou entre guillemets, ou entre crochets, au gré de la sémantique des signes ; nous sommes, comme lecteurs, sous l’effet, du renversement de l’ordre des choses, dans l’ordre du monde. Allégrement, de façon presque anodine, sans faire de tapage, la poétesse nous dit comment il faut lire le monde et comment il faut lire son livre.
Chacune des pages de Celle est un monde clos, une vibration, un aphorisme qui ne veut pas avouer sa sagesse.
Ce regard à la page 12 : « […] regard infini sous le front des ifs », est celui du regard sombre et pourtant très clair… Par réminiscence littéraire, je revois le château d’if, de mes lectures de jeunesse ; par association d’images, il me souvient que l’if a des liens de parenté avec le laurier-
rose sur le registre du tragique.
Celle dont nous parle « Celle » a un pouvoir de transcendance sur tous les règnes. L’aile devient pétale de fleur, le pétale devient insecte, et la flamme préside à cette sublimation… sublime. (page 13)
« Je suis la roue et le moyeu » (page 14)
Nous sommes tentés d’enchaîner : Le cercle et ses rayons. Chantal Dupuy aura pu lire ou non, l’hindouisme, sa poésie va à la rencontre de cette philosophie orientale si chère aux mystiques. Le transfert est celui d’avoir choisi de dire ce qui se situe au-delà de la Maya, qui est jeu de conscience et de perception. Et quelle belle osmose du signifiant et du signifié dans l’ouverture :
« Regardez-moi danser, mue par le rythme du mot qui me désigne. »
"Je peindrai vos os du bleu le plus profond.
Vos mouvements disparaîtront dans le brasier froid.
Car l’autre côté est bleu,
on n’y accède qu’en demeurant immobile. » (p. 15)
Dans l’oxymore « brasier froid » se déclinent les images de feu liquide et de cendres dissoutes. Le pathétique de l’image réside dans le contact mental des deux eaux, des deux milieux aquatiques entre lequel toute étanchéité est provisoire et passagère. Ici se ferme le cercle et se constitue le cycle des naissances qui se cache dans les départs vers le long voyage.
« Je suis la treizième » p. 16
C’est grâce à Chantal Dupuy-Dunier elle-même que nous avons pu accéder à la clé de cette petite énigme après des pérégrinations, insolites, du côté de la treizième tribu entre autres. Tout lecteur a le droit de ne pas trouver la clé d’une métaphore cachée...

Page 39 :
La désintégration, désagrégation végétale. Métamorphose ici est dans la nature, changement de nature
La très belle identification de l’homme et de l’arbre qui devient un vieux Sage et qui nous apprend l’ultime et véritable philosophie, celle de Montaigne et avant lui celle des stoïciens. Ils « consentent » et « acquiescent » à la « métamorphose », terme à prendre ici dans son sens le plus littéral, le plus étymologique : la traversée et le changement de forme. Et pour que la fusion soit totale, les trois « on devine » ouvrent à travers le parallélisme le chemin de la méditation des grandes et profondes transformations.
Et si contrairement à l’Arbre, la neige tient à sa nature, dans sa résistance même elle précipite sa métamorphose. Remarquons au passage ce balancement « la neige elle/ elle la neige », créateur dans la répétition inversée d’une présence /absence qui prédit Celle. Ici c’est la saveur qui est savante.
Page 42 :
En point d’orgue, l’emploi de « mutations » installe définitivement une philosophie du monde physique : le perpétuel changement, et fait culminer dans la vision poétique, l’attitude scientifique fondée sur le principe que rien ne se perd et que rien ne crée, mais que tout se Transforme. Dans cette page, ce que Elle dit atteint, par sa limpidité et sa vérité et sa nudité l’aphorisme dans ce qu’il a d’universel ; par contre cette fidélité dans ce qu’elle a d’inéluctable et de sobre intimité dénude l’illusion. Ici, nous apprenons le sens exact de fatum, la fatalité, sous l’aspect des qualités requises pour une fidèle amitié. Le double sens et la distance, dans la lucidité sans faille donne à cette parole sa grande dimension tragique.
Page 44 :
« Je suis la Très Haute »
Ce féminin n’a pas à être commenté. Mais comment ne pas dire l’originalité de l’image, qui cherche à installer auprès de la création, sa propre négation dialectique, ce qu’elle ne peut pas ne pas être, dans l’ordre et dans la mise en ordre du Monde. Il ne s’agit point de néant, mais de complémentarité nécessaire dans la logique binaire de l’existence.
Page 46 :
« Le vent se tait lorsque je parle »
Le vent sait-il se taire sauf devant les suprêmes paroles, faites du silence du silence. Vérité première, les paroles vaines sont premier silence, les paroles saines sont dernier silence. Suprématie du vent brisé par ce qui peut le faire taire : la solennité du tableau de l’instant où le changement n’est plus quantitatif, mais qualitatif, l’instant où le monde bascule.

Page 49 :
« Elle dit : je suis le seuil »
Retour au jeu fascinant des dialectiques mineures : effectivement, Celle est comme toute lisière, début et fin de parcours.
Page 55 :
Sceller, le verbe inaugural se trouve ici en pleine action : dans le tombeau des rois. Scellé à l’unicité et au caractère omniprésent de la circularité de l’existence, Celle devient le nombril à dimension universelle, cosmique.
[Eros et thanatos] "dans vos sexes comme mes pelouses"

Page 64 :
"Je suis le tain sans lequel les miroirs ne seraient que des vitres, un sable insignifiant."
Combien de vérités la poétesse a-t-elle touchées au passage rapide de l’image du miroir ?
Le jeu poétique a consisté à faire parler la réalité physique de l’objet. Le tain transforme la vitre en lac argenté ou en nuit noire, mais toujours en surface qui « réfléchit » et « fait réfléchir ». Mais nous l’oublions souvent. Tous les possibles métaphoriques sont ici à l’œuvre et ne pourraient, ne sauraient décevoir, surtout si nous donnons à l’insignifiant épithète du sable, le sens fort de « ce qui ne fait pas signe, ce qui ne fait pas sens ». L’existence est consciente d’elle-même et se voit voir, quand le tain lui renvoie son image. Dans la simplicité, la presque banalité de notre contact avec l’objet physique, la poésie nous fait entrer dans le complexe et la métaphysique, et nous met en présence des deux grands protagonistes du roman de l’existence : La Vie et Celle.

« Je suis ce qui demeure », à la page soixante huit et « Au commencement était Celle » à la page soixante-neuf, pages qui sont en regard, clôturent le recueil. L’accent dans « Ce qui demeure » nous met au carrefour du sacré et du profane dans leurs dimensions culturelles, et creuse une isotopie de voix unique et prophétique. Il prépare la fin qui ne pourra pas ne pas parler de « commencement » et du Grand Commencement, dans la figure doublement significative du retour : La poésie, qui dans son étymologie latine est « versus », ce qui revient, et Celle qui dès les origines, dès la lumière a scellé la Nuit.

Une poésie qui nous parle et nous fait parler, qui nous écrit et nous fait écrire, tout en nous réapprenant l’écoute et le Silence. Ne serait-ce pas aussi le propre de la Poésie ?

Il me reste à dire un mot du recueil comme objet après avoir essayé de parler de l’objet du recueil.
Belle coïncidence sur la première de couverture : un titre qui convient étrangement au nom de la maison d’édition (et vice versa) : L’Arbre à paroles, ce que nous sommes par essence. Une page de garde non foliotée suivie d’une illustration tableau puisque la lecture en est tabulaire : L’encre qui se décline du noir au gris clair, dessiné par le hasard, dessinant le hasard à son tour. Cette encre qui tente de faire trace est la tentative ultime de la lumière des mots dans leur capacité d’abstraction : montrer l’arbitraire. Mais encore : cette encre qui va tracer les lettres et les mots du recueil est à valeur de sang, il est vie du langage et signe de passage. Il va en nourrir le sens.
(Encre de Michèle Dadolle)



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