Militer en poésie.

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Militer en poésie, oui ce sont bien les mots que j’emploierais. Militer en poésie, pour le don de la langue, du chant et de l’émotion.

Militer en poésie : Dans une école où un élève, dont le prof m’a dit qu’il était “en difficulté”, me remet subrepticement un petit bout de papier plié en quatre sur lequel il a griffonné quelques vers, émaillés des mêmes fautes d’orthographe que je faisais à son âge.
Dans ces classes où l’on m’accueille avec sur tous les murs un dessin imaginaire de la poétesse - un grand chapeau noir ou les cheveux tressés de coquelicots -, la mise en espace d’un texte réalisée par les enfants, un collage inventif. En échange, j’apporte un poème écrit “rien que pour vous”, des recueils des auteurs que j’aime, ma voix.
Dans ce Cours Moyen où l’on choisit de travailler autour du poisson rouge nommé Sardine, qui meurt à la veille du spectacle de fin d’année.
Souvenirs engrangés, au parfum de toutes les enfances...

Militer en poésie, comme je l’ai fait au sein du groupe ARPA-Rôle, par la création de spectacles montés avec mes amis : “Le Contre monde” sur les poètes du “Grand Jeu”, avec Jean-Pierre Farines ; “De pleine poitrine” sur René Guy Cadou, avec Jean-Pierre et Christian Moncelet ; par des lectures données dans les bibliothèques, les cafés, la rue ou sur les chemins de “Marcheurs du Val” (une manifestation que nous avions créée en 2001 avec Patrick Da Silva), partout où l’écho d’une parole peut être entendue.

Militer en poésie jusque dans le minuscule village de Haute-Loire où j’ai habité pendant onze ans : Cronce, un village sans école, sans commerces. Une centaine d’habitants qui vivent dans les hameaux alentour. Un village avec des ronces assaillant les pierres des maisons abandonnées, des vipères faisant l’amour au soleil lorsque revient le mois d’avril, des vignes délaissées grimpant jusqu’au faîte de pommiers tout aussi oubliés. Mais un village où il fait vrai vivre dans le battement des saisons, les pulsations végétales et l’effort des labours.
À Cronce, dans le cadre du “Printemps des Poètes”, le samedi 15 mars 2003, environ 250 personnes se sont pressées à l’intérieur de l’église pour écouter de la poésie. Le spectacle s’appelait : “Terres de Poésie”. Nous étions deux récitantes et une musicienne. Les voûtes gardent encore en mémoire les vers de Baudelaire, Queneau, Rimbaud, la saveur d’une récitation retrouvée, le prolongement d’un plaisir rare partagé. Comme si le violon avait entraîné à sa suite le bûcheron, la fermière, l’ancienne mercière presque centenaire, pour leur dire simplement :

“Venez écouter les poètes ! “



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