Creusement de Cronce

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Avec des encres de Michèle Dadolle

Cronce, une forme en creux à combler d’encre.

Cronce, un mythe ? Une utopie ?

Un mot que le poète explore, fouille jusque dans ses moindres recoins, taille comme un diamant brut pour en extraire l’éclat qu’il recèle.

Un nom devenu territoire d’écriture et de poésie, à la croisée des sons et du verbe.

Un lieu étrange, village recueil qui focalise toutes les interrogations existentielles.

La parole de l’auteur se fonde sur le règne minéral : Tu es pierre..., s’ancre dans la terre, redonne vie aux êtres humains sous le geste calligraphique haut des milans et des circaètes.

 Yves Bonnefoy : “J’ai reconnu beaucoup de mon expérience de la société d’autrefois dans les notations de votre beau livre, c’est vous dire sa vérité, soutenue par les encres qui en traversent l’écriture...”

 Claude Kottelanne : "Cronce est à Chantal Dupuy-Dunier ce que la Sorgue fut à René Char et Monemvassia à Yannis Ritsos. Le creusement de Cronce, "une forme en creux à combler d’encre", n’en a pas fini de son approfondissement." (Réfractions, 20)

 www.voix-dencre.net

EXTRAITS :

- I -

Cronce,
le creux...
non pas le vide occidental, la vacuité,
mais le creusement,
un sensuel consentement à ce qui peut emplir.

Cronce, une forme en creux
à combler d’encre.

- II -

Une contrée enracinée,
la Croncée,
sise dans l’espace du désir.

Ici, le temps est souterrain.

- III -

Une vallée impressionniste
offre un accès resserré
au téméraire chercheur de sens.

Le végétal à nu
et l’âme animale
accompagnent sa quête.
Des notes insolites
entre hêtres et frênes,
plus aiguës aux décours,
quand le vol d’un milan ourle
le satin mat de la lune.

- IV -

Cronce,
toute de pierres
échappées aux anciennes demeures
et de ronces anarchistes
brandissant leurs drapeaux
à l’assaut des murets effondrés.

“Tu es pierre
et, sous cette pierre,
se sont débâties les maisons.”

- V -

Une à une,
à l’entour du lieu dit “le château”.

Il y a toujours un château
à l’intérieur de nous,
sur les pentes du songe,
un de ceux des naissances,
un de ceux de carton
que la prochaine pluie diluera.

- VI -

Mais tant de présence
dans le témoignage anodin d’une pierre
ou d’un sentier perdu
dont on retrouve une anse.
Les hommes avaient défriché les chemins,
édifié des murets,
ensemencé un jardin et un amour.

Ils dorment depuis longtemps
- “Ils dorment”, dit-on -
sous le témoignage presque anodin d’une pierre.

 ARTICLES DE PRESSE :

 Claude VERCEY : I.D n° 85 : "Mort et surrection de Cronce"

Seul ce qui, en l’homme, est capable de nommer
approche l’être.

Chantal Dupuy-Dunier est une bonne rêveuse, capable à partir d’un détail de faire surgir tout un pan de réalités. En général, c’est sur un mot, la sonorité de ses syllabes, ou le jambage, une boucle de ses lettres, que s’exerce d’abord cette rêverie, selon une méthode dynamique de mieux en mieux assurée au fil des livres, principalement ceux publiés aux Editions Voix d’Encre, et qu’accompagnent pleine page, miroirs ambigus et féconds, les encres de la fidèle Michèle Dadolle.

Cette fois, Chantal Dupuy-Dunier nous invite au "Creusement de Cronce", en cette démarche qui désormais la caractérise, délibérément placée en l’occasion dès la citation inaugurale sous le patronage d’Yves Bonnefoy. Le nom de Cronce s’avère en définitive un ferment poétique aussi actif que celui de Douve, (mot « écrit en filigrane ») à la différence qu’il s’agit ici d’un lieu géographiquement situé, le village même où l’auteur a choisi de s’établir. Comme dans les livres précédents, se déploie d’abord cet imaginaire étymologique déjà évoqué, autour duquel un monde, en un sensuel consentement, se constitue. Un nom est pierre, il suffit de le soulever pour découvrir un fourmillement, un témoignage des vies qui là dorment, dont il s’agira dès lors de relever les formes et les présences :
Le réel est aussi
ce que fut le réel
un silence plein

Cronce, mot qu’il suffit de prononcer pour le voir surgir entre crocs et ronces, est - pour la jouissance secrète de l’auteur, - le lieu le plus pauvre : caillou du bout du monde, défi jeté à une approche d’archéologue qui va s’évertuer à reconstituer un pays vivant et fécond, de débusquer le cristal caché, d’édifier un territoire plus hospitalier, en le dotant d’un lexique précis et évocateur : glaise et quartz, milan et circaète, cardères et molènes, entre autres richesses cachées.
Nous disons et inventons Cronce . Le village recueil grandit sous nos yeux, se projette dans un espace légendaire où les femmes étaient vouées aux semences, avec ses hommes, aux braguettes dilatées/ à l’entrée du printemps. Ainsi va le poète, téméraire chercheur de sens, en une recherche qui n’est pas, comme souvent on l’entend, nostalgie d’un sens perdu et finalement introuvable, mais projection vers l’avant, création. Parmi pierres et mots, Chantal Dupuy-Dunier dénoue les sources, parie la vie.

Chantal Dupuy-Dunier/ Michèle Dadolle : Creusement de Cronce – Voix d’Encre éd. 17€

Avec des extraits d’Éphéméride (à paraître chez Flammarion) et la préface qu’elle a donnée au Polder de Claire Bartoli « Les hommes ne sont pas comme des maisons », Chantal Dupuy-Dunier est également fortement présente dans Décharge 136, où on peut lire, en page dia, la note de lecture de Jacmo sur ce même "Creusement de Cronce".

 Note de lecture de Jacqueline PERSINI-PANORIAS pour "Creusement de Cronce", Chantal Dupuy-Dunier, Encres de Michèle Dadolle, Voix d’encre, dans "Poésie Première" (mars 2008) :

« À la croisée des sons et des verbes », s’invente Cronce, dans la transparence ou l’opacité d’encres bleues et noires qui résonnent à l’étrangeté du lieu, petit village de la Haute-Loire devenu mythique par l’art du poète.
« Tout son territoire figure/ dans l’énoncé de son nom », de ses lettres.
Cronce évoque le commencement d’une histoire : - Tu es Pierre- où se bâtissent et se débâtissent les maisons, où s’approchent les racines souterraines du désir que rien ne vient combler.
Cronce associé à « un phonème féminin », « ventre dans le creux de ses voyelles », femelle féconde qui engendre « un foetus de poème » qui tente de résister à l’effacement, qui accueille le sens et le non-sens de toute existence.
Dans ce village étrange et familier, hommes et femmes partagent le dur labeur de vivre, sarclent la terre comme le poète sarcle la langue, malgré les ronces, attentif à toute germination.
« On est devenu Cronce » et par la magie des mots le lecteur finit aussi par s’identifier à ce lieu sans nul besoin de l’identifier sur une carte.
Et même si au loin guettent milans et circaètes, la beauté des gestes d’encre des deux artistes nous laisse un instant habiter Cronce dans « un sensuel consentement »

 Anne Mounic, pour "Temporel" :

Sous ce titre allitératif râpeux, en exergue deux vers d’Yves Bonnefoy, il nous est donné de lire une méditation sur le nom du village de Cronce, dans la Haute-Loire, où demeure le poète. A l’imparfait, l’évocation des gestes usuels dans le village de jadis alterne avec le présent des descriptions – de rapides esquisses – qui nous mène vers ce moment, au futur, où se prédit l’avenir des signes que le lichen dépose sur le roc :
« Les lichens,
leur écriture niellée sur le flanc des rochers ;
Elle sera lue par les orages
attentifs à révéler le livre minéral. »

Les poèmes brefs qui composent ce recueil se composent de phrases qui ont leur musique, ainsi qu’une sorte de solennité hiératique. Nous sommes là, fort heureusement, loin du fâcheux penchant actuel à la nominalisation outrancière. La diction est précise. Le poète nomme les choses de ce monde, mais se tient en retrait de ce qu’il nomme « signifié » qui ne « fait que défiler ». Il maintient avec ces choses la distance que requiert le regard, qui s’accorde avec celle qu’impose le passé. Ce sont des signes que Chantal Dupuy-Dunier tente de déchiffrer :
« L’encre cronciale
révélera les signes. »

En cette extériorité, le poème invente :

« Nous disons Cronce
et nous inventons Cronce.
Nous l’inventons poésie,
à la croisée des sons et du verbe. »

La démarche, intellectuelle, nous fait effleurer le paradoxe de Valéry, cette fameuse hésitation du poème entre le son et le sens. Et si le « sens de la vie » se résorbe dans la « possibilité même du langage », alors surgit le « non-sens », qui est l’écriture elle-même :

« Le sens de la vie
se cache derrière la possibilité même du langage.
Pouvoir exprimer jusqu’au non-sens
et transmettre aux autres
la découverte de ce non-sens. »

En cette perspective dédoublée, statique, le point de vue me semble s’inverser : « Seul ce qui, en l’homme, est capable de nommer approche l’être. »

J’écrirais plutôt que l’être jaillit à chaque fois que nous parvenons à dire la vie qui s’éprouve en nous, à chaque fois que, de notre rythme intérieur, nous faisons monter un poème. La démarche est aveugle et profondément une ; elle transcende la distance qu’impose le regard qui ne s’engage pas. L’émotion intérieure peut alors irriguer de son élan l’extériorité. Le sens réside dans l’acte de manifester ce qui serait autrement demeuré inconnu. C’est là l’enchantement – le fait de se sentir vivant, ce qui rend sans portée cette notion de « non-sens ». Et nous ne sommes pas « les derniers ». La vie, que le discours poétique en son rythme manifeste, s’inscrit dans le devenir et irrigue tout le sens du poème. Il n’y a pas dualité, mais unité d’être, dans l’élan de dire, qui est le sens même de notre être.

Les encres de Michèle Dadolle ponctuent le recueil de leurs jeux de lumière.

Une des encres de Michèle Dadolle

 Lucien Wasselin, dans "Rétroviseur" :

 Julia Niculescu, dans "Regards" :

"Creusement de Cronce", titre rugueux pour nommer une mythologie qui couvre un lieu et une langue. Sorte de Yoknapatawpha faulknerien, « Cronce./ Tout son territoire figure/ dans l’énoncé de son nom. » Un territoire qui loge « l’ombre d’un berger » ; les femmes mortes en couches qui savent « que leur homme prendrait une autre femme/ sitôt la moisson rentrée,/ pour les enfants, pour les bêtes,/ et pour les blés. » ; ou « Des notes insolites/ entre hêtres et frênes,/ plus aiguës aux décours, quand le vol d’un milan ourle/ le satin mat de la lune. » Cronce, la terre et les racines. L’Auvergne de Chantal Dupuy-Dunier.
De ce registre pictural presque naturaliste aux couleurs de Millet, le verbe passe dans des zones plus rocailleuses, des morphèmes dépouillés, relogés, des aires de jeu cachés, « Nous disons Cronce/ et nous inventons Cronce./ Nous l’inventons poésie,/ à la croisée des sons et du verbe ». Confusion du lieu et du mot devenu émanation vaporeuse de la pierre. Poème prolongé dans les rapides visions des encres de Michèle Dadolle, contrée d’émerveillement et de rencontre du son et du signe. « Cela s’appelle écrire,/ Ou, peut-être, Cronce. » Un petit village dans la syntaxe poétique qu’il faut lire.

 James Gressier, dans "La Galipote", janvier 2009 :

 Nous avons créé "Ecrire à Cronce" avec une équipe active de villageois, organisé des fêtes du livre, des spectacles poésie-musique dans l’église, redonné vie à la fête de Cronce.


  • Carte postale ancienne
  • Panneau et l'arrière de notre maison, vue au loin.
  • Panneau d'entrée dans le bourg
  • Arbres amoureux
  • Tableau impressionniste
  • Prunier fendu par l'orage
  • L'église, son clocher à peigne
  • La vallée, derrière les cardères
  • Le bourg sous la neige
  • Le pont sous la neige
  • L'église sous la neige
  • Cronce sous la neige
  • Le petit sapin dans notre cour, en hiver
  • La vallée, sous la neige
  • Denis en train de déneiger
  • Le bourg de Cronce : Peinture d'André Séguy
  • Fleurs au bord du Cronçou
  • Le Cronçou en crue
  • Goutte de glace sous la verrière
  • "Tu es pierre et, sous cette pierre, se sont débâties les maisons."
  • Nid de guêpes
  • Ombelles
  • Automne sur la colline
  • Chantal à la fenêtre
  • La vallée au printemps
  • Rochers
  • Lieu dit : Le château, emplacement d'un ancien castrum
  • Traces dans la neige
  • Neige sur les arbres
  • Sapins sous la neige
  • La vallée sous la neige et le soleil
  • Le sapin de notre cour, qui a grandi, en été
  • Le centre du bourg
  • L'arrière de notre maison, vue de loin
  • Arbres en automne
  • Rue principale du bourg en hiver
  • Cronce vue depuis les hauteurs
  • Vue plongeante sur la route
  • L'arrière de notre maison, la cabane à bois
  • Notre cour
  • Notre jardin
  • Notre maison, la "Maison Chaume"
  • Vue sur Linard
  • Notre maison et la cour
  • Coiffe de femme, Cronce
  • Chats près de la boîte aux lettres
  • Vaches dans le pré en face de notre maison
  • Carte postale et texte de Michel Druez
  • Denis Langlois sur la route des crêtes
  • Chantal Dupuy-Dunier écrivant dans la cour, à Cronce
  • Denis Langlois et Chantal Dupuy-Dunier dans la "Maison Chaume"
  • Ruines, encore...
  • Dans la cour
  • Cronce, le bourg
  • Neige
  • La Cronce coulant sous le pont en hiver
  • Araignées momifiées dans la cave
  • Arbre féminin
  • L'étagère aux confitures
  • Joyeux désordre dans la cave
  • Biche et chevreuils dans le pré d'en face
  • Autres ruines
  • Rouleaux de paille
  • Denis écrivant dans la cour
  • Figuier de Barbarie en fleurs
  • Jonquilles dans la cour
  • Notre cour et le pré en face de chez nous
  • Chantal et Denis sur le rocher voisin
  • Dans la cour, Chantal écrit et on voit Bakounine, le chat noir, sur les marches
  • Ruines
  • La clairière, aménagée par nous près du rocher
  • Hirondelles sur les fils
  • Genêts en fleurs sur la colline
  • Le rocher, tout proche, où était jadis un castrum
  • Pinces à linges
  • Barrière enneigée
  • Lézard vert
  • La "Croix de Cronce"

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